De manière cyclique, le monde des médias est frappé par ce que l’on pourrait appeler le syndrome d’érosion du public. Des millions de téléspectateurs disparaissent parce que l’audience d’un média est dévorée par l’ascension d’un rival. Le schéma s’est répété avec le streaming qui, à partir du milieu de la dernière décennie, a commencé à éroder le monopole de la télévision linéaire.

Place à la télévison payante

Environ dix ans plus tard, la télévision linéaire est en déclin spectaculaire, avec une télévision hertzienne qui, selon les données Nielsen, est tombée en dessous de 50 %, et d’ici l’année prochaine, on estime que le temps moyen quotidien passé devant la télévision traditionnelle sera inférieur à trois heures, tandis que la vidéo numérique atteindra quatre heures. Toujours en 2024, pour la première fois, la publicité vidéo numérique en Europe représentera plus de 50 % du total des vidéos (y compris la télévision hertzienne).

La télévision payante a été la première à céder la place à l’offre d’abonnement iptv payant sous la forme du SVOD (Subscription Video on Demand, comme Netflix), et aujourd’hui, nous assistons à une fragmentation supplémentaire, avec les plateformes de partage et les réseaux sociaux (YouTube, Tik Tok, Facebook) qui deviennent rapidement les principaux contributeurs à une consommation vidéo numérique qui change le paradigme de la télévision, en l’intégrant dans l’écosystème vidéo plus large. Un écosystème caractérisé par le fait d’être en ligne et connecté à tout moment, partout et sur n’importe quel écran, par rapport à la télévision linéaire – un à plusieurs, avec une programmation rigide à regarder sur l’écran de télévision – qui caractérise la radiodiffusion.

La fin de la téléviion traditionnelle ?

Avec la diminution supplémentaire du temps passé devant la télévision traditionnelle, le temps vidéo se déplace donc non seulement vers le streaming SVOD, mais aussi vers la vidéo sociale, ce qui entraîne une fragmentation supplémentaire entre les services vers lesquels les utilisateurs se tournent pour consommer des contenus vidéo numériques et le divertissement généraliste de la télévision linéaire.

Il est vrai, par ailleurs, que les spectateurs passent encore beaucoup de temps à regarder des contenus vidéo sur les plateformes de SVOD, mais le visionnage de vidéos sociales réduit cet écart. Si l’on analyse uniquement les cinq principales plateformes de SVOD et de réseaux sociaux sur lesquelles des vidéos sont consommées (source eMarketer), la somme du temps moyen quotidien passé à regarder des vidéos sur les réseaux sociaux a augmenté régulièrement depuis 2022, tandis que la SVOD a diminué d’année en année. Dans ce contexte, la vidéo sur les réseaux sociaux devient rapidement un élément clé dans le mix total des contenus audiovisuels.

L’écart est plus important chez les jeunes, qui considèrent d’ailleurs les smartphones, et non les téléviseurs, comme leur premier écran pour les vidéos. Enfin, la vidéo domine de plus en plus les activités des utilisateurs sur les principales plateformes sociales, passant de 48 % du temps moyen passé par jour en 2021 à 59 % en 2024.

Pour conclure

En résumé, une grande quantité de données suggère que la croissance de la vidéo sociale se fait au détriment de la télévision traditionnelle, augmentant la concurrence avec le streaming vidéo en tant qu’option vidéo préférée des consommateurs.